Tchenbé tchô


Quel est le petit-déjeuner traditionnel de nos voisins proches ? Le nord du Brésil donne une large place au salé et au café noir saturé de sucre. Au Suriname, à Paramaribo et dans les campagnes, le thé au lait est roi.



Vendeur de galette de tapioca dans une rue passante de Bélem
Vendeur de galettes de tapioca dans une rue passante de Bélem.
Dans la plupart des villes brésiliennes, le « café da manhã», littéralement le café du matin est pris dans la rue plutôt qu’à la maison, pour gagner du temps et parce qu’il est peu onéreux. En général, un repas complet revient à « 3 reas » soit 1,20 euro. Il est pris dans la rue ou dans unlanchonete (snack bar) et se compose au choix « de tapioquinha (galette de tapioca sucrée au lait concentré ou salée),pão com manteiga (pain et margarine), bolo (gâteau) et café[noir très sucré] » détaille Mariana, propriétaire d’un stand de nourriture brésilienne au marché central de Cayenne.
« Dans les périphéries urbaines », les marchands ambulants ou les échoppes proposent « du peixe frito (poisson frit) com café, du pain fourré à l’omelette, de la farofa [le couac]»  avec de la viande ou encore les succulentes et bourrativescoxinhas (croquettes fourrées à la viande et frites). Les plats servis tiennent au corps car ils s’adressent aux nombreux ouvriers qui partent sur les chantiers sur les coups « de 5h et 6h du matin ».
Pour les plus démunis, enfants comme adultes, le café noir et la farinha (gruau de manioc) résument le premier repas de la journée. D’ailleurs, pour éviter que les écoliers ne restent toute la matinée le ventre vide, certains États ont instauré un petit-déjeuner dans les écoles.
La classe la plus aisée se restaure à la maison ou dans les restaurants autour d’un café, de pain et de margarine. Leurs enfants peuvent boire un chocolat chaud et y tremper des biscottes, un vrai luxe Outre-Oyapock selon Mariana.
« A Manaus nous avons un petit-déjeuner régional » cite la restauratrice, originaire de cette mégapole qui s’est construite sur les bords de l’Amazone. « La cassave, le poisson en jus et la farinha » sont très consommés dans les villages alentours. « En ville, les jus de wassai, le bolo de manioc, les bananes frites, l’igname» sont des spécialités que l’on peut consommer à toute heure.
D’Albina à Paramaribo
A Paramaribo
Dans les campagnes surinamaises, on mange de « la cassave » et on boit « du thé » explique Seeki, un Saint-Laurentais originaire d’Outre-Maroni. Parfois le petit-déjeuner est salé, il offre du poisson en sauce, accompagné de manioc.
Dans les villes, le premier repas est traditionnellement composé de « méki koe thé », du thé au lait, accompagné de « ovo koe bre », de l’omelette avec du pain. On peut aussi boire du  « lait au chocolat » précise Seeki.
Dans les campagnes, les ambulants se font rares. On va chez le marchand de pain, pour la baguette à « 1,50 SRD [dollar surinamais] », 25 centimes d’euro ou dans les épiceries pour acheter des œufs, au même prix.
« Avec 5 SRD [1,25 euro] tu as de quoi manger ». Néanmoins, le petit-déjeuner se prend surtout à la maison, tout le monde le prépare, enfants comme adultes. Il est avalé de bonne heure avant de partir à l’école. Les week-end, c’est « quand on veut, à l’heure où on se réveille ».