L'université de Guyane s'oriente vers l'international

L’université de Guyane (UG) s’est engagée sur les chemins de « l’international ». La création de l’UG le 30 juillet 2014 à l’issue de sa sortie de l’université des Antilles-Guyane remet à plat et relance les partenariats avec des universités des Amériques et d’Europe. La présidence rêve d’une convergence des thématiques patrimoniales et scientifiques du Plateau des Guyanes. Pour cela, la carte linguistique va devoir s’étoffer.

Entretien avec Didier Béreau, vice-président de l’université de Guyane en charge des relations internationales. Ce service anime et encourage les mouvements d’étudiants, d’enseignants et du personnel administratif vers des universités partenaires. Il doit aussi prendre en charge l’arrivée d’élèves et universitaires étrangers.


Quel est l’historique du service international ?

J’ai été nommé vice-président en février 2015. Jusqu’à présent le service n’était pas très développé. Il était occupé par un enseignant d’anglais, qui depuis la scission de l’université des Antilles et de la Guyane [UAG] est reparti en Martinique. Depuis peu, un directeur a été recruté sur concours.

[Sous statut UAG] le gros [ressources humaines] du service était en Guadeloupe, et à l’époque, l’international c’était : chacun a son réseau.

En Guyane, la mobilité la plus importante était liée à Erasmus. Il y a avait aussi les mobilités pour les enseignants en français langues étrangères (FLE), mais il y avait un gros problème de communication. C’est le problème que j’ai encore. Je n’arrive pas à mobiliser de façon majoritaire mes collègues. Cela s’explique parce qu’il ont été très
occupés depuis un an.


Les mouvements à l’international concernent aussi bien les élèves que les enseignants ?

Ça concerne trois catégories de personnes : les étudiants, les administratifs et les professeurs, aussi bien « entrants », que « sortants ». Dans les « entrants», on n’avait rien jusqu’à présent. Quelques étudiants partaient sur un semestre au Portugal ou en Angleterre, de l’ordre de quatre à cinq sur 2 000 élèves.

"On voit à une échelle du Plateau des Guyanes avec des projets amazoniens."
[...] On voit bien que l’espagnol a été squeezé [passé à la trappe] car la politique de
l’UAG était de concentrer les relations avec les pays hispanophones sur le pôle Martinique [et non sur le pôle guyanais].

C’est le gros handicap sur les langues que l’on rencontre et sur lequel on travaille. Car sans enseignement en espagnol on tourne le dos à 400 millions de personnes.

Il faut comprendre qu’en plus lorsqu’il y a eu scission, on a perdu toutes les conventions à l’international. Il a fallu tout refaire. C’était stratégique de la part [de la présidence en Martinique]. [...]


Vous constatez aussi des difficultés liées à l’enseignement de l’anglais ?

Oui on a un gros handicap par rapport à la mobilité entrante. À l’heure actuelle, les étudiants [internationaux] veulent des cours dispensés en anglais [même dans des pays hispanophones ou francophones].
[...] A l’UG il faudrait des enseignants anglophones en biologie, économie etc. et un centre de ressources (Guyaweb du 09/02) pour aider les professeurs à préparer leurs cours en anglais.

Notre autre handicap c’est le visa. Les Brésiliens et les Colombiens n’ont pas besoin de visa pour aller à Paris, et pour la Guyane ils en ont besoin ! Ça aussi, ça nous freine. On veut travailler mais les problèmes diplomatiques en plus de l’euro qui est très fort ne nous facilitent pas. Rien que pour le visa déjà c’est très cher. Et en plus les étudiants qui viennent en Guyane doivent se débrouiller pour manger et pour le transport …


© Marion Briswalter - GUYAWEB
Les villes ou régions partenaires ou futures partenaires de l’université de Guyane. © Marion Briswalter – GUYAWEB