Brasília  »sacrifie » une réserve grande comme la Suisse : pour le secteur minier

renca_gdLe gouvernement fédéral s’apprête à valider l’extinction d’une vaste réserve nationale pour relancer l’investissement minier. Grandes sociétés et syndicats d’orpailleurs se réjouissent, mais cette euphorie pourrait vite retomber.

Le 30 mars dernier, le ministère des Mines et de l’Energie brésilien présentait au gouvernement fédéral un décret portant sur l’extinction d’une réserve d’environ 4 millions d’hectares située entre l’Amapá et le Pará. Créée en 1984 au temps des militaires dans le but de stopper l’investissement étranger dans la région, la Reserva Nacional de Cobre e Associados (Renca) est riche en or mais aussi en fer, manganèse, tantale, etc. « C’est Serra Pelada en surmultiplié. En cas d’abrogation, tous les permis de recherche accordés avant 1984* seront validés », affirme Antônio Feijão, géologue.

Vicente Lôbo, directeur du Bureau national des affaires minières, est enthousiaste   : cela attirera les investisseurs, améliorera l’indice de développement humain de la région, stimulera l’économie locale et stoppera l’orpaillage illégal. Mais le blogueur Fernando Brito est d’un tout autre avis :  « C’est gravissime, le gouvernement va livrer au secteur privé une vaste région d’Amazonie où l’activité minière est interdite depuis plus de 30 ans. On a passé des années à se disputer autour de la mise en eau d’un bassin de 516 km² pour que Belo Monte produise de l’électricité à toute la population. Et là, personne [ne s'émeut] de la destruction potentielle d’une zone 82 fois plus grande au profit de grandes sociétés ! » Bruno Milanez, professeur à l’Université de Juiz de Fora, met en garde : « Le code minier est basé sur le mythe que l’exploitation minière primerait sur les autres activités économiques. Sur la base d’un soi-disant  »intérêt national », on assiste à un déplacement et une désintégration sociale des agriculteurs-cueilleurs, des communautés noires marronnes et autres groupes traditionnels ainsi qu’à la destruction d’écosystèmes importants. » L’exploitation intensive des ressources naturelles impacte durement la qualité de l’air et de l’eau. En outre, l’arrivée de milliers de travailleurs  »célibataires » dans les petites municipalités du nord n’est pas sans risques : « Alcoolisme, drogue, prostitution et grossesses précoces des adolescentes. »

Une fois le décret publié, Brasília devra gérer le problème des Unités de conservation de la région. La réserve compte sept aires protégées et deux territoires autochtones homologués. « Cela fait que moins de 20% de la superficie totale de la Renca serait ouverte à l’activité minière », déplore l’avocat d’affaires Marcello Ribeiro. La faute au gouvernement fédéral qui, « pendant plus de 30 ans a négligé la recherche géologique et n’a rien fait pour empêcher ou limiter la création d’aires protégées dans la région. » Ainsi Brasília aurait failli dans la gestion des richesses de son sous-sol. « Le décret d’extinction de la réserve devait être une excellente nouvelle, il n’aura finalement que peu d’effet sur la reprise de l’activité minière au Brésil », conclut-t-il.

*260 permis miniers sont actuellement en suspens, dont environ 20% antérieurs à la création de la réserve.

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Photo : Chutes du desespoir sur le Jari, crédit C. Jaster

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