Conférence sur le Pont de l’Oyapock

"La frontière franco-brésilienne, entre marge et interface. Enjeux socio-économiques et recompositions territoriales"

Entrée libre pour cette conférence suivie d’un débat public à ne pas rater, 
ce vendredi 27 avril 2012, de 18h30 à 21h00, à l’amphithéâtre de l’IUFM de Guyane. Madeleine BOUDOUX D’HAUTEFEUILLE, docteur en géographie [3] de l’Université des Antilles Guyane nous propose une restitution des travaux réalisés dans le cadre de son doctorat en Guyane, à l’Observatoire Hommes Milieux Oyapock (CNRS).

http://webtice.ac-guyane.fr/cs/spip.php?article23


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ON A MARCHÉ DE LA FRANCE AU BRÉSIL
Au bout de la Guyane, loin de tout, un pont magnifique relie deux forêts désertes en attendant... d’improbables voyageurs.

De notre envoyé spécial au Brésil Michel Peyrard - Paris Match

[...] Le pont sur l’Oyapock, qui unit en un saisissant raccourci la France et le Brésil, appartient à ces épopées, à ces conquêtes aussi inutiles qu’indispensables. « Concrètement, humainement, économiquement, ce pont ne servira à rien », [pour] le chercheur Gérard Police, Guyanais depuis plus de trente ans et docteur en études brésiliennes. « Mais c’est un super outil diplomatique et ­géopolitique, un monument presque ­totémique destiné à être inauguré et ­célébré. » [...]

Car ce pont, dont la construction fut décidée en novembre 1997 lors d’une rencontre à Saint-Georges entre le président ­Chirac et son homologue Fernando ­Cardoso, a pour particularité de relier deux remarquables culs-de-sac : l’Etat d’Amapa, coupé par le delta de l’Amazone et qu’aucune route ne relie au reste du Brésil est au moins aussi éloignée des préoccupations de Brasilia que la Guyane de Paris.[...] 

« L’OUVRAGE “DURCIT” UNE FRONTIÈREQUI, JUSQUE-LÀ, EXISTAIT À PEINE »

« De toute façon, la plupart des produits brésiliens ne sont pas aux normes européennes et ne peuvent donc transiter, tranche le major Drouault. Quant aux clandestins, ils n’emprunteront pas le pont mais continueront à passer en pirogue. » 
[...] 

Ce n’est pas le seul effet pervers de ce pont symbole, conçu pour rapprocher, mais qui agit a contrario. « Le pont “durcit” une frontière qui, jusque-là, existait à peine, les gens de la vallée de l’Oyapock vivant entre eux, bien isolés de la France et du Brésil. Aujourd’hui ils craignent que cela ne complique leur vie quotidienne », explique Hervé Théry, directeur de recherches au CNRS, basé à São Paulo. 
[...] 

« Ce pont, nous ne l’avons pas souhaité, mais nous devons faire avec, constate Fabienne Mathurin-Brouard, la jeune maire. Un contrôle à la frontière est nécessaire, mais il doit se faire en y mettant les formes. Et nos voisins d’Oiapoque doivent bénéficier d’une carte transfrontalière pour venir librement à Saint-Georges, comme ils en ont l’habitude depuis des siècles. C’est urgent, car la tension est énorme. » Décidé sur un coup de tête politique, construit au plus fort de la relation franco-brésilienne, avec notamment le tandem Sarkozy-Lula, le pont sur ­l’Oyapock est désormais l’otage d’un contexte géopolitique moins favorable.[...]